Innovations québécoises
J’ai écrit il y a quelque temps sur la compagnie lavalloise, Nordresa, qui convertit des camions à l’électricité.
Rencontré l’été dernier à l’événement Movin’On de Michelin, Marc Daigneault, directeur de l’ingénierie, m’avait parlé du fourgon Ford E-450 de type «step van» que Nordresa avait converti et que Purolator avait utilisé et testé en situations réelles à Montréal tout l’hiver dernier.
Nous avions promis de nous revoir pour faire une entrevue en bonne et due forme, ce qui est arrivé hier.
Il y avait du nouveau chez Nordresa, alors qu’un camion Isuzu dépouillé de ses composantes mécaniques trônait au milieu du petit atelier.
«Notre marché cible, c’est la livraison de colis. Notre produit dans ce segment a été testé et prouvé. Mais nous nous sommes rendu compte qu’il y a de nos clients qui veulent faire du transport de marchandises, et le fourgon «step van», ce n’est pas la bonne plate-forme pour ça», d’expliquer M. Daigneault.
Le fabricant Isuzu s’est montré très ouvert à travailler avec Nordresa et collabore notamment en fournissant l’information technique sur ses camions. Étant placés au centre et le long du châssis, le système de motorisation et les batteries n’enlèvent aucun espace pour le fourgon. «Nous installons notre système de motorisation, nos batteries et nos systèmes de contrôle», précise M. Daigneault. Incidemment, le moteur électrique est fabriqué par TM4, de Boucherville. (VIDÉO)
Nordresa peut électrifier un châssis Isuzu NPR HD ou NRR. L’autonomie varie de 120 à 240 kilomètres à pleine capacité de charge du véhicule, selon les batteries utilisées. La masse totale en charge du NPR HD est de 14 500 livres, alors que celle du NRR atteint 19 500 lb.
Entreprise en démarrage, Nordresa déménagera bientôt dans des locaux beaucoup plus vastes qui lui permettront de devenir «une véritable usine de camions électriques». La compagnie pourrait prendre tout un essor lorsque les fonds du nouveau programme Écocamionnage seront débloqués.
Les camions de Nordresa sont effectivement admissibles au programme Écocamionnage, qui permet à l’acheteur de récupérer 50 pour cent du surcoût du véhicule par rapport à un camion au diesel équivalent. On parle d’un bon montant ici. Mais les ventes québécoises du fabricant sont au neutre parce que le gouvernement tarde à dégager les fonds du programme qui a été reconduit lors du dernier budget provincial.
Les nombreux changements de ministre à Transports Québec ont sûrement retardé le dossier et on peut espérer qu’il débloquera bientôt.
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L’ingénieur Gérard Noël, président de GN Solutions à Sainte-Julie, dit avoir consacré plus de 20 000 heures au développement de son essieu dirigé baptisé Samos. Après avoir écouté sa présentation et vu sa remorque prototype en action sur vidéo (que vous pouvez voir ici), je peux vous dire que c’est un produit vraiment impressionnant.
Grâce à son système de direction électronique, la remorque passe exactement au même endroit que le camion.
L’essieu Samos fait appel à un système de mesures angulaires prises au point d’attelage et à un automate (un dispositif qui reproduit une séquence d’actions prédéterminées sans l’intervention humaine) qui transmet l’Information à l’arrière, alors qu’un cylindre de direction permet aux quatre roues de s’ajuster parfaitement. Chaque roue a son propre angle de braquage, ce qui contribue à rendre le système extrêmement précis.
M. Noël attribue de nombreux avantages à son système. Notamment il évite le ripage des pneus et offre une maniabilité exceptionnelle au chauffeur qui peut réaliser des manœuvres impossibles avec les essieux rigides.
Le produit en est à l’étape de vitrine technologique et M. Noël est à la recherche d’investisseurs afin de pouvoir passer à la prochaine étape menant à la fabrication de l’essieu Samos au Québec et à sa commercialisation. Vous pouvez voir plus de renseignements au http://gn-solutions.com/.
Steve Bouchard
Rédacteur en chef, transportroutier.ca