L’électrification est plus près que vous ne croyez
Si vous avez assisté au séminaire du Comité technique de camionnage du Québec (CTCQ) du 20 novembre dernier, je vous fais mes excuses d’emblée, vous n’apprendrez rien de nouveau ici!
J’ai eu le privilège d’y faire une présentation sur l’électrification des camions, sur laquelle j’ai passé beaucoup plus de temps que prévu, absorbé par la recherche et étonné du nombre de choses que je m’apprenais à moi-même durant la démarche. J’ai donc décidé de vous en faire profiter un peu et de partager ici quelques-unes des dernières nouvelles en matière d’électrification des camions que j’ai présentées au CTCQ.
Première constatation : l’arrivée des camions électriques en utilisations commerciales n’est plus une question qui relève de la science-fiction. L’année 2020 revient dans plusieurs communications de fabricants non-traditionnels et traditionnels. Deuxième constatation : les camions électriques seront d’abord des poids moyens qui feront des déplacements locaux et régionaux.
L’électrification du camionnage attire une foule de joueurs, certains plus sérieux que d’autres. Tesla est sans aucun doute le nom le plus connu et son Semi est le camion électrique fait le plus parler. Mais le message quant à sa véritable concrétisation commercial est ambigu.
D’un côté, Tesla traîne une dette de 10 milliards de dollars. Les analystes ne sont pas convaincus de la faisabilité de fabriquer le Tesla Semi à grande échelle. Une voiture Tesla a été impliquée dans un accident très médiatisé et la compagnie fait l’objet d’une poursuite judiciaire de la part de Nikola Motors pour des questions de brevets. Il y a aussi un désintérêt apparent de la part d’Elon Musk qui a déclaré, il y a quelques mois, que le Tesla Semi «n’est pas une chose à laquelle je pense vraiment beaucoup».
De l’autre côté, Tesla a 2 000 précommandes pour son Tesla Semi. La compagnie en a annoncé la production en 2019; la compagnie NFI Industries s’attend à recevoir ses 10 premiers Tesla Semi en 2020, et Walmart Canada vient d’ajouter 30 Tesla Semi à sa première commande de 10.
Les manufacturiers traditionnels observent du coin de l’œil ce qui se passe avec Tesla. Mais certains comme Martin Daum, de Daimler en Allemagne, sont très sceptiques quant aux prétentions techniques de Tesla, se demandant comment un camion pourra transporter des charges lourdes durant des kilomètres avec les capacités de batteries annoncées.
«Si Tesla livre vraiment ce qu’il promet, il est clair que nous allons acheter deux de leurs camions : un pour le démonter, et un autre pour faire des essais parce que, si cela arrive, c’est que quelque chose nous aura échappé. Mais, pour le moment, les mêmes lois de la physique s’appliquent en Allemagne et en Californie», a déclaré M. Daum.