Les grands transporteurs sont confrontés à des défis réglementaires et commerciaux

Selon un dirigeant de l’industrie, la réglementation est en train d’enliser le camionnage et le secteur est bombardé de questions. «Au Canada, nous constatons une tendance à nous dire quoi faire en permanence», a déclaré Murray Mullen, président du conseil d’administration et PDG de Mullen Group, lors de la convention annuelle Truckload 2024 de la Truckload Carriers Association à Nashville.

M. Mullen a ajouté que le camionnage sera toujours soumis à des réglementations et à des contrôles, mais que cela nuit à l’esprit d’entreprise et à l’essence même du capitalisme. «Ils essaient de nous réglementer pour que nous fassions tous exactement la même chose en même temps.»

Jim Richards, PDG de KLLM Transport Services, a affirmé que si certaines réglementations sont positives, comme celles qui concernent la sécurité, d’autres ne le sont pas. Au cours d’une table ronde sur les défis auxquels sont confrontés les grands transporteurs, il a indiqué que d’autres réglementations, comme celles qui concernent les entrepreneurs indépendants, rendent difficile l’élaboration d’une stratégie visant à déterminer si les transporteurs doivent se concentrer sur les chauffeurs d’entreprise ou opter pour les voituriers remorqueurs.

De gauche à droite, le modérateur Joey Hogan, président de Covenant Logistics Group, Mark Rourke, Jim Richards et Murray Mullen, lors d’une table ronde au salon Truckload 2024 de TCA à Nashville, Tennessee (Photo : Leo Barros).

En ce qui concerne le marché du fret, M. Richards a souligné qu’il travaille dans ce secteur depuis 37 ans et que la période actuelle est la plus difficile qu’il ait connue. Les niveaux de fret sont bas et les transporteurs ne peuvent pas demander des tarifs plus élevés à leurs clients, alors que les coûts ont connu des augmentations à deux chiffres.

M. Mullen a ajouté que la situation allait être difficile pendant un certain temps et que les propriétaires devaient gérer leur entreprise en conséquence. «Pour ceux qui peuvent y survivre, tout ira bien», a-t-il souligné.

Mark Rourke, PDG de Schneider National, a donné une tournure positive à la situation. Selon lui, comme les informations circulent rapidement, les choses vont aussi s’arranger plus vite. Les expéditeurs et les transporteurs réagiront rapidement à la situation dès qu’elle s’améliorera.

Fusions et acquisitions

Les trois dirigeants avaient des points de vue différents sur le scénario des fusions et acquisitions.

M. Richards a indiqué que son entreprise était très exigeante en matière d’acquisitions et que les trois qu’elle a réalisées se sont bien déroulées. La culture de l’entreprise est au centre des préoccupations lorsqu’il s’agit d’une acquisition, a-t-il ajouté.

M. Mullen a déclaré qu’à l’heure actuelle, compte tenu des taux d’intérêt élevés, la stratégie et le choix du moment sont essentiels pour les acquisitions. Si le bilan est surendetté, l’entreprise pourrait être mise en péril, a-t-il averti.

M. Rourke estime que la période des fusions et acquisitions s’annonce attrayante et il se montre optimiste pour le second semestre de 2024 et pour 2025.

Véhicules carboneutres

En ce qui concerne les véhicules carboneutres, M. Rourke s’est dit favorable à la protection de l’environnement, mais les délais et les capacités sont très importants. Schneider National s’intéresse à certaines de ces technologies dans un environnement local. Il a ajouté que la technologie n’est pas encore au point pour les applications de longue distance.

«Il est déjà difficile d’amener les clients à payer un bon prix à l’heure actuelle, comment un transporteur va-t-il leur transmettre le prix des véhicules à zéro émission?», a-t-il fait remarquer.

Selon M. Mullen, le secteur est à l’aube d’un changement majeur, mais la technologie doit rattraper la philosophie de l’industrie. «Cela coûte plus cher, comment allons-nous le payer? La magie de la réduction des coûts n’a pas encore opéré. La technologie carboneutre la plus pure est si chère qu’elle n’est pas pratique», a-t-il affirmé.

Technologie

En ce qui concerne les technologies embarquées dans les camions, celles qui sont axées sur la sécurité et le sauvetage de vies sont une évidence pour M. Richards. Pour lui, les caméras changent la donne, car elles fournissent un retour d’information en temps réel et constituent un excellent outil de formation pour les conducteurs.

L’entreprise de M. Rourke a déployé le système de caméra MirrorEye qui enlève les rétroviseurs traditionnels. Les caméras ont permis d’améliorer la visibilité autour du véhicule et de réduire les problèmes de fatigue nocturne en supprimant les reflets.

Mullen s’est concentré sur l’amélioration du flux de données entre le client, le transporteur et le conducteur. Il a ajouté que les clients souhaitent également avoir accès aux données avec le moins d’interaction humaine possible.

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