Coincé
Il y a une situation dont on parle beaucoup plus et depuis longtemps au Sud de la frontière qu’au Canada, et dont il faudra s’occuper rapidement ici comme là-bas, d’autant plus avec l’arrivée des enregistreurs électroniques de bord (EEB). Je parle du manque d’aires de stationnement pour les camions lourds.
Il manque cruellement de relais routiers et d’espaces de stationnement en mesure de recevoir des camions-remorques. Aux États-Unis, on peut voir occasionnellement un camion-remorque stationné en bordure de route ou d’une bretelle d’autoroute, parce que c’est le seul endroit que le camionneur a pu trouver. C’est dangereux.
Avant le 18 décembre, le camionneur pouvait toujours rouler quelques kilomètres de plus dans l’espoir de dénicher un endroit pour se garer et dormir. Que va-t-il arriver maintenant qu’un appareil électronique dicte que c’est ici, et maintenant, qu’il doit s’arrêter, parce qu’il est arrivé au bout de ses heures de conduite? On a beau dire que les flottes devront mieux planifier les déplacements, il y aura des camionneurs coincés par le temps et garés dans des endroits peu sécuritaires, à 15 ou 20 minutes d’un stationnement plus sûr pour lui, et pour les automobilistes.
Selon l’American Trucking Associations, trouver une place de stationnement compte parmi les principales causes de stress des camionneurs.
Une étude publiée en 2016 par l’American Transportation Research Intitute, intitulée «Managing Critical Truck Parking Case Study — Real World Insights from Truck Parking Diaries», indique que les chauffeurs passent environ une heure en moyenne par jour à chercher un endroit pour se garer, ce qui équivaut à une perte de salaire de quelque 4 600 $ par année.
Les principaux États américains rapportent que les stationnements non autorisés sont observés le long des principaux corridors de transit et dans les régions métropolitaines densément peuplées.
Présentement, quelque trois millions de camionneurs circulent sur les routes et les autoroutes des États-Unis, mais il n’y a que 300 000 places de stationnement adéquates pour les camions-remorques.
Sheri Call, vice-présidente de la Washington Trucking Association, a déclaré récemment que la réglementation sur les EEB amplifie la pénurie de places de stationnement pour les camions parce qu’elle ne permet pas aux chauffeurs de rouler au-delà de leur imite quotidienne. Auparavant, ils pouvaient rouler quelques kilomètres de plus et truquer leurs fiches en papier pour éviter les contraventions, ce qui n’est évidemment plus possible avec l’électronique. «Vous devez vous arrêter. Vous ne pouvez pas continuer à conduire et falsifier le carnet de route», de dire Mme Call.