Pas prêts!
Les enregistreurs électroniques de bord (EEB) sont obligatoires aux États-Unis depuis lundi dernier.
Une semaine avant la mise en application de la réglementation, un sondage de la firme PrePass, spécialisée dans les technologies de pré-autorisation de passage aux postes de pesée, indiquait que la moitié (49 pour cent) des quelque 1 600 chauffeurs, voituriers-remorqueurs et flottes sondés n’avaient pas encore choisi leur EEB! Seulement 33 pour cent avaient installé les dispositifs, alors que 18 pour cent avaient l’équipement en main, mais ne l’avaient pas encore installé.
Les résultats les plus surprenants à mes yeux sont ceux selon lesquels 26 pour cent des répondants ont dit croire que la réglementation n’entrerait pas en vigueur à la date prévue, et 31 pour cent de ces sceptiques ont indiqué qu’ils ne prévoyaient pas installer d’EEB du tout!
Les premiers commentaires que j’ai eus de gens sur le terrain confirment ces appréhensions. Le 18 décembre dernier, il y a eu un manque de capacité de transport, justement en raison de ceux qui ont crû que la réglementation ne serait pas mise en œuvre, qui ne s’étaient pas préparés et ne disposaient plus d’heures de conduite, ou des chauffeurs qui ne savaient pas utiliser les EEB parce qu’ils n’avaient pas reçu de formation. Des expéditeurs faisaient des pieds et des mains pour trouver des transporteurs en mesure de déplacer légalement leurs cargaisons.
Espérons que les flottes seront mieux préparées lorsque les EEB seront rendus obligatoires de notre côté de la frontière, ce qui ne devrait pas arriver avant le printemps 2019. À quelques exceptions près, la réglementation canadienne devrait être très semblable à celle des États-Unis. La première ébauche du projet de règlement a été publiée dans la partie 1 de la Gazette officielle du Canada et elle est soumise à la période de commentaires publics de 60 jours obligatoire.
«Le projet de règlement prévoit une période de mise en œuvre de deux ans après la date à laquelle les modifications seraient publiées dans la partie 2 de la Gazette officielle du Canada», a précisé l’Association du camionnage du Québec (ACQ) par voie de communiqué. «Les transporteurs qui utilisent déjà des enregistreurs électroniques bénéficieraient, pour leur part, d’un délai additionnel de deux ans, qui s’ajouterait à la période de mise en œuvre de deux ans. Nous vous rappelons également que le Québec devra par la suite adopter son règlement, tout comme chacune des provinces.»
«Ceci fera en sorte que les chauffeurs seront moins sujets à la fatigue et rendra les routes plus sécuritaires», a indiqué Marc Garneau, ministre des Transports du Canada. Il croit qu’une période de mise en place de deux ans donnera suffisamment de temps à l’industrie pour déployer les EEB. Les entreprises canadiennes qui circulent aux États-Unis les utiliseront déjà depuis deux ans; on parle d’environ 30 000 camions.
Les règles devraient donc être sensiblement similaires au Canada et aux États-Unis. Le ministre Garneau a indiqué que «cela aidera si nous avons les mêmes règles d’un côté et de l’autre de la frontière».
La réglementation ne s’appliquera qu’aux entreprises de juridiction fédérale et les exceptions aux industries forestières et pétrolières demeurent. Transports Canada a aussi indiqué qu’il exemptera de la réglementation les camions loués à court terme (30 jours et moins), alors que cette exemption s’applique uniquement aux camions loués pendant huit jours ou moins aux États-Unis. On continuera à accepter les carnets de route en papier à bord des camions munis d’un moteur de l’année-modèle 2000 ou plus ancien.
L’ACQ souligne que les EEB auront des effets importants, parmi ceux-ci : «les expéditeurs ne pourront plus faire attendre les chauffeurs de manière démesurée sans se pénaliser eux-mêmes. Présentement, il est fréquent que les expéditeurs fassent attendre les chauffeurs plusieurs heures dans leur cour, réduisant ainsi leurs heures de conduite disponibles.»
C’est probablement la répercussion la plus importante qu’auront les EEB sur l’industrie. Les expéditeurs ne pouvant plus gaspiller les heures de service des chauffeurs, ils devront mieux gérer les arrivées et départs des camions à leurs quais. Les tricheries n’étant plus possibles, l’offre de transport sera rationnalisée, ce qui devrait logiquement entraîner une hausse des tarifs des transporteurs. C’est un dossier important, que nous suivrons tout au cours de la prochaine année.
Ceci était donc mon dernier bulletin de 2017! Je vous remercie de m’avoir lu par le biais des Nouveautés du routier tout au long de l’année. Je vous reviens après la pause des fêtes. Profitez bien des festivités d’ici là et soyez prudents dans vos déplacements! Joyeuses fêtes à tous!
Steve Bouchard
Rédacteur en chef, transportroutier.ca