L’indice Scotia des prix des produits de base remonte en juillet
L’indice des prix des produits de base de la Banque Scotia, qui permet d’analyser les tendances des prix de 32 des principales exportations canadiennes, a remonté de 0,8 % en glissement mensuel en juillet et ne se situait qu’à 2,0 % de son sommet à court terme d’avril 2011. L’indice global se trouvait encore à un niveau de 26,1 % supérieur à celui d’il y a un an et à 56,7 % au-dessus du creux cyclique d’avril 2009.
« Les prix des produits de base perdront vraisemblablement du terrain en août, car les prévisions de croissance économique pour les États-Unis et la zone euro ont été revues à la baisse de façon marquée », indique Patricia Mohr, vice-présidente d’Études économiques Scotia et spécialiste du marché des produits de base à la Banque Scotia. « Cependant, la croissance constante de la demande sur les marchés émergents, particulièrement la Chine, offrira un soutien considérable tout comme les taux d’intérêt extrêmement faibles. Les conditions de l’offre et de la demande physique demeurent tendues sur nombre de marchés des produits de base, en particulier le cuivre, le minerai de fer, les céréales et les oléagineux ainsi que les engrais, telle la potasse. »
« Lorsqu’on évalue les perspectives des biens industriels, il est important de reconnaître la très forte domination de la Chine », souligne Mme Mohr. « Dans le cas du cuivre, la consommation chinoise représente 37,3 % de la demande mondiale, soit 1,26 fois le total combiné de celle des États-Unis, de l’Europe occidentale et du Japon, soit 29,5 %. La comparaison est encore plus frappante pour l’aluminium, le métal de base ayant le plus important volume. La consommation de la Chine compte pour 43,7 % du total mondial, soit 1,56 fois la consommation combinée de 28,9 % des États-Unis, de l’Europe occidentale et du Japon. Il ne fait aucun doute que la croissance inférieure aux attentes aux États-Unis et dans la zone euro aura pour effet de ralentir l’activité manufacturière de la Chine qui est fortement axée sur les métaux. Même si cette activité a profité de l’énorme externalisation des pays du G7 au cours de la dernière décennie, la croissance de la Chine sera, en vertu du nouveau plan quinquennal (le 12e), de plus en plus tributaire de la demande intérieure ainsi que de la croissance des échanges avec d’autres pays asiatiques. »
L’indice des métaux et des minéraux a été la locomotive de la progression générale enregistrée en juillet (hausse de 1,6 % en glissement mensuel). Les prix du cuivre à la Bourse des métaux de Londres (LME) ont bondi de 4,10 $ US la livre en juin à 4,36 $ US, soit seulement 5,2 % en deçà du sommet historique de 4,60 $ US atteint le 14 février 2011. Bien que les prix se soient repliés récemment, la Chine a de nouveau accru ses achats à la LME au début d’août, et les prix sont remontés à 4,02 $ US, ce qui a permis aux sociétés minières de dégager des marges bénéficiaires exceptionnelles (66 %). Bien que la demande sous-jacente de la Chine pour le cuivre puisse diminuer au troisième trimestre, après avoir affiché une forte progression de 10 % au premier semestre, les prévisions quant à une nouvelle augmentation des prix du cuivre à la fin de 2011 demeurent inchangées. L’offre de cuivre est déficitaire, ce qui signifie que la consommation mondiale excède l’offre, une situation qui risque de perdurer durant la majeure partie de 2012.
On peut lire dans le rapport de Mme Mohr que l’aluminium, importante exportation du Canada, représente également un secteur en croissance, la consommation mondiale devant progresser de 9,7 % en 2011 et de 8,5 % en 2012, principalement sous l’impulsion de la Chine.
Le prix au comptant de l’or a atteint un nouveau sommet de 1 913,50 $ US l’once en cours de séance le 23 août 2011, ce qui le rapproche du record de 2 456 $ US, en valeur constante, établi le 21 janvier 1980 (850 $ US en dollars de l’époque).
Les fondamentaux de la potasse ont également continué de s’améliorer pendant la période turbulente que les marchés boursiers viennent de traverser. Le prix au comptant de la potasse (FAB Vancouver) pour les ventes à l’étranger en Asie du Sud-Est et au Brésil/en Amérique latine est passé de 481 $ US la tonne en juin à 490 $ US en juillet et est demeuré à ce niveau au mois d’août (hausse de 43 % en glissement annuel). Au début d’août, Canpotex a conclu avec les acheteurs de l’Inde un contrat de vente (pour des livraisons d’octobre 2011 à mars 2012) à des prix moyens plus élevés que ceux négociés auparavant avec la Chine. Les livraisons mondiales de potasse devraient atteindre 58 millions de tonnes en 2011, revenant ainsi au sommet précédent de 2007.
Mme Mohr fait également remarquer que les conditions de l’offre et de la demande pour la potasse devraient se tendre davantage en 2012, compte tenu de la croissance continue de la consommation mondiale découlant de la capacité d’expansion limitée des installations d’extraction et de concentration. Le principal producteur du Canada dominera cette croissance de la capacité mondiale jusqu’en 2015.
L’indice du pétrole et du gaz s’est raffermi en juillet (hausse de 0,1 % en glissement annuel; l’indice se situe à un niveau de 24,3 % supérieur à celui de l’an dernier). Après avoir chuté à 96,29 $ US le baril en juin, les prix du pétrole WTI sont remontés à 97,34 $ US en juillet. Cependant, les prix du pétrole, qui sont souvent malmenés par l’évolution des facteurs macro-économiques et par les ventes massives à des fins défensives sur les marchés boursiers, ont perdu du terrain en août pour se situer en moyenne à 86 $ US. L’équilibre offre/demande physique du brut semble beaucoup plus tendu que ne le laissent croire les cours actuels. Les prix devraient remonter au cours des six prochains mois.
Enfin, l’indice des produits agricoles a légèrement reculé en juillet (baisse de 0,9 %), alors que le prix à l’exportation demandé par la Commission canadienne du blé pour le blé de première qualité s’est replié devant l’arrivée prévue de nouveaux stocks de cultures, ce qui a plus qu’annulé la vigueur des prix du canola, de l’orge ainsi que du bétail et du porc. Toutefois, la baisse des cours du blé est probablement temporaire, et les prix devraient connaître un raffermissement saisonnier à l’automne. L’intense sécheresse dans les plaines du Texas et de l’Oklahoma a entraîné une révision à la baisse des prévisions concernant la récolte 2012 de blé dur rouge d’hiver, ce qui a fait augmenter les prix aux États-Unis depuis quelques jours. Selon le département de l’Agriculture des États-Unis, la production mondiale est inférieure à la consommation pour les trois principaux segments des cultures, soit le blé, les céréales secondaires (céréales fourragères) et le soja, bien que les récoltes soient un peu meilleures cette année en Russie. Le ratio stocks-utilisation mondial reculera pour ces trois segments en 2011-2012, ce qui constitue un facteur positif en ce qui a trait à l’épandage d’engrais.
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