L’indice des prix des produits de base de la Banque Scotia, qui permet d’analyser les tendances des prix de 32 des principales exportations canadiennes, a fléchi de 1,1 % en glissement mensuel en septembre, reculant ainsi pour un deuxième mois consécutif. L’indice global a décliné de 6,2 % depuis son sommet récent d’avril dernier, soit tout juste avant que les marchés financiers ne commencent à manifester de l’inquiétude au sujet des problèmes liés à la dette souveraine dans la zone euro.
« La correction des prix des produits de base a été modérée comparativement à la dégringolade de 40 % que nous avons connue au second semestre de 2008 », souligne Patricia Mohr, vice-présidente d’Études économiques Scotia et spécialiste du marché des produits de base à la Banque Scotia. « Bien que les prix des produits de base négociés en bourse aient fortement reculé au début d’octobre, les cours du pétrole, du cuivre et des céréales se sont raffermis au cours des dernières semaines en raison de l’optimisme entourant la mise en œuvre de mesures visant à consolider le système financier de la zone euro et à augmenter les liquidités, processus qui a débouché sur la conclusion d’un important accord le 27 octobre. »
Néanmoins, les prix d’un certain nombre de marchandises qui ne sont pas négociées en bourse (par exemple le charbon cokéfiable et le minerai de fer) seront probablement ajustés à la baisse en octobre, au moment de la renégociation des contrats trimestriels, en raison de l’incertitude concernant la conjoncture économique mondiale et le léger ralentissement de la croissance en Chine. Le prix contractuel du charbon à coke métallurgique de première qualité de l’Ouest canadien baissera, passant de 315 $ US la tonne (FAB Vancouver) à 285 $ US en octobre, ce qui est encore assez lucratif. Les prix pourraient fléchir davantage au début de 2012, mais les perspectives à moyen terme demeurent favorables pour le charbon à coke métallurgique de première qualité. Le charbon de première qualité compte pour seulement 35 % des réserves nationales chinoises, alors que, pour ses gros hauts fourneaux, la Chine a besoin que cette proportion soit de 50 %.
Du côté du pétrole et du gaz, l’indice a légèrement progressé en septembre (augmentation de 0,7 % en glissement mensuel). Cette hausse s’explique par une étonnante progression du brut léger à Edmonton et du brut lourd à Hardisty, en Alberta, qui sont les deux prix de référence utilisés dans le calcul de l’Indice Scotia des prix des produits de base, et ce, malgré un léger recul du pétrole WTI.
« Le cours du pétrole WTI à Cushing, en Oklahoma, qui est le point d’établissement des prix des contrats à la NYMEX, n’est plus un indicateur aussi pertinent qu’autrefois du prix du brut synthétique léger des sables bitumineux de l’Alberta », note Mme Mohr.
Les prix du pétrole WTI ont quelque peu fléchi, passant de 86,34 $ US le baril en août à 85,58 $ US en septembre. Les cours du pétrole sont particulièrement influencés par l’état d’esprit des marchés concernant les perspectives économiques mondiales. Ils sont tombés aussi bas que 75,67 $ US le 4 octobre avant de rebondir fortement et d’atteindre 93 $ US le 27 octobre au moment de l’annonce d’un accord dans la zone euro et de la reprise de la croissance du PIB au troisième trimestre aux États-Unis (le PIB a augmenté de 2,5 % après n’avoir progressé que de 1,3 % au deuxième trimestre). Cependant, le pétrole WTI continue de se négocier avec un important escompte de 20 $ US par rapport au Brent, qui est un meilleur indice de référence pour les cours mondiaux du pétrole. Les prix du WTI à Cushing, en Oklahoma, ont été modérés par l’augmentation du volume du brut des sables bitumineux de l’Alberta et du Centre des États-Unis qui est acheminé à Cushing en raison des contraintes en matière de transport par pipeline vers les centres de raffinage de la côte américaine du golfe.
En revanche, le prix du brut synthétique léger (SCO) de l’Alberta (bitume enrichi) s’est établi en moyenne à 103 $ US le baril depuis le début de l’année 2011, ce qui représente une plus-value de 9 $ US par rapport au pétrole WTI. Bien qu’elle s’explique en partie par des interruptions de services aux usines de traitement des sables bitumineux de l’Alberta, cette plus-value découle également du fait que les prix du SCO au moment du craquage ont tendance à être établis à parité avec le brut à prix plus élevé (comme le brut léger non sulfuré de la Louisiane) dans les centres de raffinage du Midwest des États-Unis.
En septembre, le sous-indice des métaux et des minéraux a perdu beaucoup de terrain (recul de 2,5 % en glissement mensuel). Le déclin généralisé des métaux de base et le recul de l’argent ont plus qu’annulé la stabilité des prix de la potasse et l’augmentation des cours de l’or, du soufre, de l’uranium et du cobalt (un élément d’alliage de l’acier). Les prix du cuivre à la LME, qui servent d’indicateur pour les métaux de base, ont chuté, passant de 4,10 $ US la livre en août à 3,77 $ US en septembre, et sont tombés aussi bas que 3,08 $ US au début d’octobre, avant de remonter à 3,65 $ US le 27. Les prix demeurent exceptionnellement rentables, procurant une marge bénéficiaire de 60 % par rapport aux seuils de rentabilité mondiaux moyens en tenant compte de la moins-value.
« Les prix du cuivre étaient en position courte au début d’octobre en raison des prévisions faisant état d’une offre déficitaire au quatrième trimestre, c’est-à-dire que la demande mondiale sera plus importante que l’offre de métaux affinés », conclut Mme Mohr. « La Chine a accru ses achats au début d’octobre compte tenu de ces prix avantageux, ce qui a entraîné les stocks à la LME en baisse en Corée du Sud. Au plus fort de l’inquiétude au sujet des perspectives de la zone euro, les opérateurs de marché semblent avoir concentré leurs prises de bénéfices sur le cuivre, de même que sur le nickel, puisque leurs marges sont relativement importantes par rapport à leurs coûts et que c’est probablement là que se trouvaient la majorité des positions longues. »
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