L’Indice Scotia des produits de base, qui mesure la tendance des prix de 32 des principales exportations canadiennes, a continué de perdre du terrain en octobre, reculant de 3,7 % d’un mois sur l’autre. L’indice global a chuté de 9,8 % par rapport à sa crête récente d’avril, survenue juste avant que les problèmes de dette de la zone euro commencent à inquiéter les marchés financiers. Bien que significative, cette correction des prix des produits de base demeure légère si on la compare à la dégringolade de 40 % qui a marqué le deuxième semestre de 2008.
« Les prix de beaucoup de produits de base inscrits en bourse, tels le cuivre et le zinc, ont remonté en novembre et se situent maintenant au-dessus des creux du début d’octobre », remarque Patricia Mohr, vice-présidente, Études économiques, et spécialiste, Marchés des produits de base à la Banque Scotia. « Cependant, au cours de la dernière semaine, l’intensification des préoccupations relatives à l’économie et au crédit en Europe a contribué à renouveler la pression à la baisse qui s’exerce sur les prix. De même, le fait que les membres du Comité spécial du Congrès des États-Unis n’ont pas réussi à s’entendre sur les détails d’un plan de réduction supplémentaire du déficit pouvant déboucher sur un séquestre – des réductions automatiques des dépenses totalisant 1,2 billion de dollars américains, étalées sur une décennie à compter de 2013 – a amplifié l’incertitude. »
L’indice des métaux et des minéraux a donné le ton à la baisse globale d’octobre, lâchant 6,9 % d’un mois sur l’autre. La baisse généralisée des prix des métaux de base et des métaux précieux – accompagnée d’un dégagement au début du mois – et la réduction du prix des contrats trimestriels pour la houille cokéfiable de l’Ouest canadien a plus qu’annulé la hausse modérée des prix d’exportation de la potasse. Le prix de la houille cokéfiable de haute qualité sur les marchés asiatiques s’est replié, passant de 315 à 285 $ US la tonne (FAB Vancouver).
Les prix au comptant du minerai de fer livré dans le nord de la Chine ont peut-être atteint un creux après avoir plongé en septembre et octobre. Les aciéristes chinois ont réduit leurs stocks d’acier de construction. Les prix ont rebondi jusqu’à une fourchette de 148 à 151 $ US la tonne à la mi-novembre (gagnant 20 % au cours des dernières semaines). Le prix de la potasse (FAB Vancouver) s’est aussi raffermi, atteignant 502 $ US la tonne en octobre (pour un gain de 43 % d’une année sur l’autre), en raison de la hausse de prix mise en œuvre par Canpotex et BPC au Brésil et en Asie du Sud-Est. Compte tenu de l’incertitude qui plane sur les perspectives économiques mondiales, il se pourrait que les producteurs retardent toute hausse supplémentaire des prix jusqu’à l’an prochain.
L’indice du pétrole et du gaz s’est relâché de 0,6 % d’un mois sur l’autre; les prix au pair du brut léger à Edmonton et un recul supplémentaire des prix à l’exportation vers les États-Unis du gaz naturel canadien ont tout juste annulé le raffermissement du pétrole brut lourd à Hardisty (Alberta) et la hausse des prix du propane. En novembre, le prix du pétrole léger à Edmonton a rebondi à hauteur de 95 $ US.
Les prix du pétrole demeurent solides. Le prix au comptant du North Sea Brent Blend – un étalon mondial qui sert à établir le prix de certains bruts de l’Afrique occidentale et du Moyen-Orient – a connu une hausse modeste, passant de 110 $ US le baril en octobre à 111 $ US jusqu’ici en novembre. Le WTI a bondi, passant de 86 $ US en octobre à 96 $ US ce mois-ci, voyant s’effriter sa marge concurrentielle sur le Brent. Les projets de développement ferroviaire et de pipelines feront interagir les échanges pétroliers canado-américains avec les centres de raffinage de la côte américaine du golfe du Mexique, où les prix internationaux (Light Louisiana Sweet) prévalent.
Par ailleurs, le prix au comptant du pétrole WTI n’était que légèrement inférieur au prix au comptant du Brent (un étalon mondial) en 2009 et pendant une bonne partie de 2010. Cependant, l’écart a commencé à s’élargir à l’automne 2010, atteignant une valeur record de près de 30 $ US le baril le 6 septembre 2011 (cet écart a également franchi la barre des 29 $ US à la fin de septembre et à la mi-octobre). Des flux de pétrole provenant de nouvelles exploitations arrivaient à Cushing (Oklahoma), le point d’établissement des prix pour le contrat de pétrole WTI du NYMEX, où la capacité de transport par pipeline vers les raffineries de la côte américaine du golfe du Mexique est limitée.
Toutefois, le rabais sur le WTI s’est de nouveau rétréci jusqu’à une fourchette de 9 à 12 $ US à la mi-novembre, en raison de trois faits nouveaux :
1. Les stocks à Cushing ont diminué de façon significative (23 % de moins) par rapport à la crête d’avril 2011, de sorte que les producteurs pétroliers ont simplement évité ce pôle d’échanges et vendu leurs produits sur d’autres marchés nord-américains plus rentables.
2. L’augmentation des expéditions ferroviaires de pétrole brut léger Bakken, directement du Dakota du Nord à St. James, en Louisiane, ont détourné des stocks de brut de Cushing.
3. Le 16 novembre, une société canadienne de transport par pipeline a annoncé son intention d’acquérir une participation de 50 % dans le pipeline Seaway – de concert avec un copropriétaire – ce qui inversera son débit de Cushing à Houston (le plus grand centre de raffinage aux États-Unis). Le prix du pétrole WTI a bondi de 3 $ US pour s’établir à 102,50 $ US le jour même de l’annonce; il s’est toutefois replié depuis jusqu’à 95,87 $ US.
« Malgré ces développements positifs, les champs de pétrole de l’Ouest canadien demeurent vulnérables aux risques commerciaux associés à la vente de la majeure partie de leur pétrole sur un seul marché d’exportation, les États-Unis, qui est susceptible d’afficher, au mieux, une faible croissance au cours des prochaines années », remarque Patricia Mohr. « Cette vulnérabilité laisse supposer qu’il faudra construire un réseau de transport pour relier les sables bitumineux de l’Alberta à un ou plusieurs terminaux d’exportation sur la côte de la Colombie-Britannique en vue d’effectuer des expéditions à destination des marchés de croissance asiatiques : la Chine, Taïwan, la Corée du Sud, le Japon et les Philippines. Le moment d’agir est important, car il faut que le brut albertain se place sur les marchés asiatiques avant ses concurrents pétroliers internationaux. »
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