47 milliards $ d’infrastructures de recharge nécessaires d’ici à 2040, alors que le Canada demande des camions plus écologiques

Le nombre de véhicules commerciaux moyens et lourds (VML) zéro émission devrait atteindre 414 000 d’ici 2030 et 2,4 millions d’ici 2040 pour atteindre l’objectif fédéral de 100 % de VML zéro émission d’ici 2040.

Ces chiffres proviennent d’une étude sur l’infrastructure de recharge des VE du pays, récemment publiée par Ressources naturelles Canada. Bien que l’adoption des VML propres au Canada n’en soit qu’à ses débuts, les autorités s’attendent à ce qu’elle croisse rapidement au cours de la prochaine décennie.

La demande en points de recharge publics de VML devrait passer de presque zéro aujourd’hui à 41 000 ports (le nombre de prises individuelles)* d’ici 2030, 120 000 d’ici 2035 et 275 000 d’ici 2040, dit l’étude, qui ajoute que les VE à batterie devraient dominer le marché des VML zéro émission, leur nombre atteignant 414 000 unités en 2030 et 2,4 millions d’ici 2040.

*Une seule borne de recharge peut compter plusieurs prises de branchement, aussi appelées ports de branchement. C’est la raison pour laquelle on fait une distinction entre le nombre de bornes et de ports.

Recharge privée aux terminaux des flottes

Avec l’adoption croissante des VE, la capacité de recharge privée en terminal des flottes de véhicules sera cruciale, en particulier dans les premières phases de développement du marché.

Il s’agirait notamment de la recharge de nuit dans les terminaux des flottes et de la recharge d’opportunité dans les lieux de destination tels que les entrepôts. On s’attend à ce que la recharge privée dans les terminaux des flottes nécessite 217 000 ports supplémentaires en 2030 et 1,1 million en 2040.

(Tableau : Ressources naturelles Canada)

Cette croissance de l’infrastructure se traduira par 8,6 VE par port public en 2040.

Les coûts comprennent l’équipement, l’installation et les améliorations électriques

Le déploiement de l’infrastructure de recharge des VE entraînera des coûts d’investissement, notamment pour l’équipement, l’installation et les mises à niveau électriques locales.

Selon le rapport, d’ici 2040, des investissements en capital de 47 milliards $ seront nécessaires pour répondre aux besoins de recharge publique dans le secteur des VML.

Par rapport au secteur des véhicules utilitaires légers (VUL), où les coûts annuels restent relativement constants (environ un milliard par an), les coûts d’investissement des VML devraient passer de 340 millions $ en 2025 à plus de 1,7 milliard $ d’ici 2030 et à 6,4 milliards $ d’ici 2040.

Bien que le rapport ne précise pas d’où proviendra cet argent, on s’attend à ce que les gouvernements de tous les niveaux continuent à jouer un rôle majeur dans le financement, les fonds publics devant par ailleurs de plus en plus servir de levier à des investissements privés supplémentaires.

Recharge et mise à niveau du réseau : 17 000 $ par véhicule

Pour répondre à cette croissance, on estime que la recharge des VUL et des VML pourrait ajouter jusqu’à 4 300 MW à la demande d’électricité d’ici 2030, pour atteindre 22 500 MW d’ici 2040.

Le coût de la modernisation du réseau pour répondre à cette demande, y compris la production, le transport et la distribution, est estimé entre 26 et 294 milliards $ entre 2025 et 2040. Cela représente environ 3 000 dollars par VUL et 17 000 dollars par VML.

«Notre estimation des améliorations à apporter au réseau pour répondre à la demande de VE, y compris la production, le transport et la distribution, varie de 26 à 294 milliards de $ (moyenne : 94 milliards $) au cours de la période 2025-2040, ce qui reflète l’incertitude importante entourant l’ampleur des coûts, ainsi que les variations régionales», indique le rapport.

(Tableau : Ressources naturelles Canada)

Actuellement, la plupart des infrastructures de recharge sont concentrées dans les zones urbaines et les plus grandes provinces. Le Québec, l’Ontario, la Colombie-Britannique et l’Alberta devraient dominer les besoins futurs en matière de recharge pour les VUL et les VML, représentant 92 % des ports pour les VMD d’ici 2040. Les grandes zones urbaines comme Montréal, Toronto et Vancouver ont des besoins importants en matière de recharge publique pour les VML, Toronto nécessitant une infrastructure étendue d’ici 2040.

D’ici 2030, le pays devrait installer 41 000 ports de recharge publiques pour les VML, en plus des 235 000 ports de recharge publique de niveau 2 et de recharge rapide à courant continu pour les véhicules légers.

D’ici 2040, le nombre de ports publics devrait passer à 275 000 et 679 000 ports pour les deux catégories de véhicules respectives.

Interventions de politique publique

Le rapport détaille également plusieurs scénarios alternatifs, explorant ce à quoi pourrait ressembler l’avenir de la recharge des VE, étant donné que le besoin global de recharge publique et les investissements qui y sont liés pourraient être réduits grâce à des interventions de politique publique.

Selon l’étude, si les Canadiens parcourent 25 % de kilomètres en moins, le nombre de ports publics pour les véhicules légers sera inférieur de 58 000 en 2030 et de 168 000 en 2040. Ce résultat peut être obtenu en encourageant les conducteurs à éviter les déplacements lorsque c’est possible, à travailler à distance et à adopter d’autres modes de transport à faibles émissions comme les transports en commun, les transports actifs, etc.

Dans les scénarios où la puissance de charge effective et les taux d’utilisation sont plus élevés, le nombre de ports publics pourrait encore diminuer de 25 000. Une réduction de 25 % de la distance parcourue en voiture nécessiterait des investissements importants dans les modes de transport alternatifs, y compris les transports en commun, le vélo et la marche, ainsi que des modifications en matière d’urbanisme et de conception urbaine pour encourager les communautés moins axées sur la voiture.

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